Pierre Chany, l'homme aux 50 Tours de France
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Un livre événement dont tous les médias ont parlé. Les souvenirs inédits d'un journaliste reconnu comme le meilleur spécialiste mondial du cyclisme. Pierre Chany évoque, par des anecdotes drôles, graves ou cocasses, toujours belles, la vie et la carrière des Coppi, Bobet, Bartali, Koblet, Anquetil, Poulidor, Merckx, Ocaña, Thévenet, Hinault, LeMond, Fignon, Indurain qui furent tous ses amis. Il salue l'épanouissement de Laurent Jalabert. Jamais on n'a parlé avec tant de franchise sur l'orgueil, l'argent, la gloire et le dopage dans le sport. Un document passionnant à lire absolument.
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Voici quelques extraits du livre :
L'autre est d'accord. Ils partent se coucher. Le lendemain, parce que c'étaient tous deux des hommes de parole, ils font la course à l'eau minérale. Ils ont certes pris les deux premières places, mais ils ont souffert comme des damnés pour réaliser une moyenne horaire qui, au bout du compte, était inférieure d'un kilomètre et demi à leurs moyennes habituelles. " On ne recommencera jamais ! " m'ont-ils affirmé en descendant de vélo. "
Pierre Chany : J'étais impatient de le voir à l'œuvre
dans le cadre des Nations. Hé ! je ne l'avais encore jamais vu !
Je ne le connaissais que de réputation. Francis Pelissier m'avait
dit : " Il y a un môme, à Rouen, qui réalise des moyennes
extraordinaires... " Yvon Marie, un autre Normand très bon rouleur,
m'avait confirmé le propos : "Celui-là, quand tu vas le
voir arriver..." Effectivement, je l'ai vu arriver ! C'était affolant
! Il a quand même battu le record de Koblet ! Il a mis dix minutes
à presque tout le monde.
Je me souviens très bien : il était debout devant moi,
et je le regardais sans arriver à y croire. J'étais déconcerté
parce qu'il n'avait pas d'apparence. Il était fluet, frêle,
pâle, avec des veinules violettes sous les yeux et sur les tempes.
Franchement, quand on le voyait comme ça, descendu de machine, on ne pouvait
pas deviner qu'il était un prodige... En revanche, on devinait tout
de suite qu'il avait un sacré caractère ! Figurez-vous qu'il
tenait tête à Francis Pélissier, ce qui était loin d'être
la règle. "Non ! Monsieur Francis, moi je ne m'entraîne pas comme
ça ! Oui ! Monsieur Francis, je veux manger une langouste à la mayonnaise
tout de suite !" disait-il. Pélissier le regardait, incrédule.
"Des fois, des fois, je lui collerais bien une beigne !" sifflait-il
avant d'ajouter, car il était littéralement sonné
par ce môme : "C'est un drôle de coursier !"
Tout de suite, Louison devient blanc – enfin, je vous le raconte comme le raconte Raphaël, et vous allez voir, finalement, que c'est assez drôle. Louison est gêné. Il a été opéré juste sous les bourses, et il est persuadé qu'on ne doit pas parler de ces choses devant les dames, et surtout quand ces dames sont à table. Moyennant quoi, il tergiverse. Il cherche ses mots. Il essaie de faire "stylé", alors qu'il faudrait faire "direct". Toujours selon Raphaël, voilà ce que cela donne :
" Vous comprenez, ma chère Louise, que le sport cycliste est un sport difficile, ingrat, qui pousse les athlètes à affronter les périls de la route malgré la pluie et le vent. Ces athlètes, les cyclistes, font des efforts prodigieux, assis sur un petit morceau de cuir qui ma foi n'est pas toujours confortable. Il s'ajoute aussi, ma chère Louise, le fait qu'ils doivent pédaler. Et malgré la valeur, malgré le courage, l'ardeur de ces athlètes, il peut arriver que le corps souffre et que installés comme ils le sont sur des petits morceaux de cuir qui, vraiment, n'ont rien de confortable, il se peut, ma chère Louise, qu'ils se blessent, et que leurs poches soient blessées
- Leurs poches ? fait l'épouse de Rubirosa qui ne voyait pas très bien ce que les poches de Bobet faisaient sur sa selle.
- Oui, les poches ", reprend Louison qui ne veut toujours pas cracher le morceau. C'est à ce moment-là que Raphaël, qui commençait à s'ennuyer au bout de la table, aurait littéralement explosé : "Les couilles ! Zonzon. Les couilles, pas les poches ! Dis-leur que tu avais les couilles en sang !"
Il y eut un petit silence. Puis la voix de la femme de Rubirosa s'est élevée, un peu canaille, pour s'enquérir comme il sied : "Alors, monsieur Bobet, ces couilles, comment vont-elles ?"
Voulez-vous que je vous dise : malgré ce qu'il
peut y avoir d'exagération, tout Louison est dans cette histoire-là
!